mardi 23 juin 2009

Rencontre

Ce matin, j'ai rencontré un homme de 69 ans, docteur, acupuncteur, artiste et collectionneur. Je l'écoutais parler avec la passion de celui qui mord dans la vie, le regard de celui qui a côtoyé la mort. Ses mains portent une douceur empreinte de respect, respect de l'humain en tant que présence divine. Ses propos dénonçaient la cruauté et l'injustice perpétrées dans certains pays où les droits humains ont été et sont encore ignorés. Son souffle est enflammé par le désir d'améliorer le sort des gens qui l'entourent. Ses gestes quotidiens d'acupuncteur procurent un soulagement à la douleur physique, ses paroles invitent à refuser l'injustice afin de soulager la douleur humaine.

Nos rencontres ne sont pas des coïncidences. Elles répondent à un besoin d'équilibre.

mercredi 17 juin 2009

Audace et créativité

On a tous des modèles dans la vie. Que ce soient nos parents, un enseignant, une tante, un ami, il arrive que quelqu'un traverse notre vie et nous marque par un geste qu'il a posé, une parole qu'il a dite ou qu'il nous a adressée. C'est parfois une critique constructive, parfois aussi une manière de faire les choses d'une manière admirable.

Ce matin, Lyne me fait venir devant la porte arrière et me dit: "Regarde!!" Cet écureuil avait trouvé le moyen de grimper sur la mangeoire à oiseaux, de s'agripper avec ses pattes arrières, et de manger les graines de tournesol avec ses pattes avant en se laissant pendre dans le vide, tête vers le bas. Il a fait la même chose sur l'autre mangeoire.
Ce matin, cet écureuil m'a montré qu'avec un peu de créativité et certainement beaucoup d'audace, nos limites ne sont plus celles que la vie semble nous imposer. Pourquoi devrait-on se limiter à ce qui a toujours été fait? Mes limites sont celles que je m'impose. Si j'ouvre la porte, je suis capable de bien plus que je ne le crois.
Ce matin, c'est un écureuil qui m'a fait la leçon. Allez, fonce, ne crois pas seulement à ce qui existe. Innove, fabrique, dépasse-toi! Apprends, mais ne te limite pas à ce que tu as appris, utilise tes nouvelles connaissances afin de dépasser tes limites. Sois fou ou folle. Observe et améliore. Ce n'est pas parce que ça n'existe pas que ce n'est pas possible, au contraire: ça n'existe pas simplement pour te permettre de faire fonctionner tes méninges pour éventuellement lui donner vie.

mardi 16 juin 2009

Une porte ouverte à l'intérieur de soi

Certaines choses nous frappent de plein fouet, nous donnent la chair de poule, nous font entrer dans le bonheur, nous permettent de goûter au plaisir de vivre; ces choses ne sont pas innocentes, loin de là. Elle pénètrent en nous comme si elles en connaissaient les moindres recoins, les passages les plus étroits: impossible de les arrêter, elles possèdent les clés de chacune des portes à l'intérieur de nous. Le temps nous apprend à accepter leur existence et les émotions qu'elles font naître.

jeudi 11 juin 2009

Croire en l'autre












Il y a probablement des vies qui débutent dans le noir, dans l'absence, dans la méfiance. La mienne a débuté dans la confiance, une confiance dans ce que la vie m'apportait, dans les liens qui s'établissaient, une confiance semée dans l'amour et dans les sourires de mes parents, dans une main forte et sécurisante qui tenait la mienne. Avancer avec confiance, croire en soi parce que la présence de l'autre, solide et rassurante, nous invite à avancer sans peur. Faire ses premiers pas dans ceux d'un autre. Puis apprendre à se faire confiance.

Devant un obstacle, un défi, nous sommes tous seuls. La manière de réagir devant la difficulté, cette réponse de notre organisme, dépend de cette confiance que l'on possède ou non. Puis, tôt ou tard dans la vie, la confiance est déstabilisée par un événement. Dès lors prend place le doute. Est-ce nous qui avons failli ou est-ce l'autre? Nous avançons désormais ce mélange de doute et de confiance, en soi ou en l'autre; et lorsque la vie nous amène un jour à douter ainsi de soi ou de l'autre, un travail exigeant est nécessaire afin de pouvoir retrouver cette confiance.

Hier, j'étais à la collation des grades de nos étudiants du collégial. Tous les mots prononcés lors de leurs discours parlaient de la confiance dont ils avaient été enveloppés tout au long de leurs études, une confiance transmise par les parents et amis . Ces jeunes semblaient grandis de cette confiance qu'on avait à leur égard. La confiance en soi trouve souvent sa source dans la confiance dont les autres nous couvrent.

Que ce soit la confiance d'une femme qui fait route avec un homme qui se bat avec l'alcoolisme, que ce soit la confiance du parent qui regarde son jeune en difficulté à la veille de terminer ses études secondaires ou celle en son enfant qui vie sa première rupture amoureuse, que ce soit la confiance d'un mari envers les compétences de son épouse afin qu'elle réalise ses projets ou que ce soit la confiance d'une épouse dans la fidélité de son mari, toute confiance est fondée sur l'intégrité de l'autre. L'autre est ce qu'il est. L'acte de confiance nous appartient. Il n'est pas sans risque, mais il est porteur d'avenir.

Sachant qu'on ne peut transmettre que ce que l'on possède, à partir du moment où nous mettons notre confiance en l'autre, TOUT devient possible pour soi et pour l'autre; l'on devient des vases communicants, l'autre se bâtit une confiance à même la nôtre jusqu'au jour où la sienne est si solide qu'il peut, à son tour, la transmettre à quelqu'un d'autre.







La confiance libère.

lundi 8 juin 2009

Présence

Hier, mon père disparu il y a deux ans se tenait à mes côtés.
Pendant que je travaillais à l'extérieur dans le jardin, il était là.
Il était le même que dans mon dernier souvenir de lui.
Il souriait, c'est tout.

Ce matin, il est encore là.

jeudi 4 juin 2009

Je ne me sens bien vivre qu'en marchant

C'est une phrase célèbre d'André Gide. Une phrase qui m'est restée dans la tête depuis ma dernière année à l'université il y a de cela...20 ans. Je ne me sens bien vivre qu'en marchant: cette phrase résonne en moi comme une pure vérité, elle invite à l'action, elle montre combien il nous est indispensable d'agir, de faire, de créer, d'être dans le mouvement. Certains sont tellement dans le mouvement qu'il faut les arrêter, d'autres sont dans l'inertie et bénéficieraient d'un bon -q-3tn-qdans le m^frt,. .

Vaincre l'inertie n'est pas chose facile. Que ce soit dans les sports, en physique ou simplement lorsqu'on prend une résolution, se mettre en mouvement est probablement la chose la plus difficile à faire....le plaisir et la satisfaction viennent pas la suite, lorsque le mouvement est enclenché, lorsque nous sommes en marche, l'action devient danse, le mouvement devient fluide, et des résultats se dévoilent subitement. Il faut rester dans le mouvement pour ce qu'il apporte. Lorsque l'inertie est vaincue, c'est le mouvement lui-même qui porte l'action, nous sommes portés par notre propre action, un peu comme une bicyclette qui dévale une pente sans effort.

Paradoxalement, j'étais pris dans un embouteillage en revenant du travail et j'ai été obligé d'avancer à un rythme lent qui m'était imposé. Je suis arrivé à la maison avec une lourdeur dans les jambes comme si j'avais passé la journée à transporter des caisses de livres. J'ai soupé avec peu d'appétit, j'ai passé la soirée à faire peu, vidé: on avait ralenti ma cadence sans préavis. La vie nous déstabilise parfois; des événements viennent perturber notre rythme de marche. Ces moments sont là pour nous faire réaliser à quel point, parfois, nous sommes cadencés et réglés dans notre quotidien. Il faut croire que la vie prend toutes sortes de moyens pour nous inculquer ses savoirs. Que le mouvement soit lent ou rapide, là n'est pas le problème. Je crois qu'il est essentiel d'apprendre à vivre ces différents rythmes, de saisir cette occasion pour voir, sentir, respirer et avancer autrement.

Je suis prêt pour le prochain embouteillage sur l'autoroute métropolitaine....à moins que je commence à prendre ma bicyclette pour aller au travail? La terre qui m'envoyait un message?

mercredi 3 juin 2009

Prendre le temps

Chaque jour qui passe en est un de plus qui me permet d'apprécier tout ce que j'ai. Ce sentiment qui m'habite, celui de posséder grandement, est probablement lié au fait d'avoir vécu dans une famille où la religion prenait une grande place. Les paroles d'amour de Jésus et tout ce qu'il avait fait semblaient là, présent, à toutes les semaines. J'ai toujours eu le sentiment que je devais remercier pour ce que je possédais. Il existe de nombreuses façons de remercier, celle que j'ai apprise, c'est celle du don de soi en offrant du temps à l'autre. J'ai toujours cette image de ma mère qui offre son temps à mon père en l'écoutant parler de son travail. Je crois que c'est dans cette potion magique que je suis tombé lorsque j'étais enfant (et je ne suis pas le seul dans la famille).

Nous avions un petit magnolia devant la maison qui, entouré d'une haie et d'une épinette, ne semblait pas réellement se plaire chez nous. Il y a quelques semaines, Lyne m'avait appelé au bureau et m'avait proposé d'offrir notre magnolia à nos voisins d'en face. Elle est allée voir la directrice du centre de jour qui fait face à notre maison. Le centre Oméga a pour but d'offrir du soutien pour les gens ayant subi des traitements psychiatriques. Elle lui a demandé s'ils désiraient avoir un magnolia pour apporter un peu de fraîcheur sur leur terrain, en avant de la façade, et bien entendu, la directrice était très heureuse de cette proposition. Hier soir, au souper, Lyne me demande si ça me disait d'aller planter le magnolia chez nos voisins. Son fils me dit alors en blaguant: "Tu aurais pu prétexter un mal quelque part pour ne pas y aller." Ça fait réfléchir une remarque de ce genre. Pour moi, faire un trou pour planter cet arbre, c'était une activité, c'était aussi l'idée de donner quelque chose de beau, d'embellir un lieu où des gens apportent du support à des gens dans le besoin. Lyne est allée arroser le magnolia un peu plus tard. On le regardait et il était nettement plus beau à cet endroit. C'était un geste dont nous allions profiter. En éloignant notre arbre, en l'offrant, on se permettait de mieux l'admirer. Ça me fait penser à ça le don. On donne pour soi. On donne et ça nous revient. C'est toujours ainsi le don. C'est presqu''égoïste le don. Comment se fait-il que nous n'ayons par réussi à transmettre ce besoin de donner à nos enfants? Chez d'autres, il semble pourtant si facile et présent.

Quand on aime, il me semble que c'est facile: on rend service, on donne de soi, on offre du temps... et on a pas besoin d'attendre d'être au paradis pour que ça nous revienne au centuple...ça fait du bien à l'instant même où l'on est dans le geste.

mardi 2 juin 2009

La main de mon père

La photographie noir et blanc tient dans la paume de ma main. Ses bords sont dentelés comme ceux d'un petit gâteau sec. Elle a été prise en 1951. J'ai donc trois ans. Je porte une barboteuse dont l'élastique me gêne et que je tire pour l'assouplir. Ma main gauche tient la main de mon père. Il est vêtu d'une chemise d'été et d'un short long. Nous sommes sur un chemin de campagne. Nos regards portent au loin dans la même direction et nos visages, moitié intrigués, moitié soucieux, ne cherchent à plaire à personne. Quand j'ai montré cette image à ma mère, elle s'est exclamée: " Dans ces années-là tu étais tout le temps avec ton père, tu ne le quittais jamais." J'ai pensé, sans le lui dire, que c'était encore le cas et qu'il fallait bien plus que la mort pour desceller ces deux mains calmement refermées l'une sur l'autre. Certes, quelque chose a bien changé, et si une photographie pouvait être prise aujourd'hui, avec une pellicule assez sensible pour être impressionnée par l'invisible, elle montrerait les mêmes personnes se tenant par la main, mais ayant échangé leurs tailles: je suis à présent l'homme mûr qu'était mon père, et lui a l'âge que nous donne la mort quand elle nous irradie de son innocence, à quelque instant qu'elle apparaisse: deux ou trois ans, guère plus et peut être moins.

Tiré du livre Ressusciter de Christian Bobin

lundi 1 juin 2009

Ton amitié

Dans nos vies, nous sommes entourés de diverses personnes avec qui nous faisons route: nous avons des collègues de bureau avec qui l'on entretient des relations....de bureau, et il arrive que certaines de ces relations deviennent plus significatives et enrichissantes; nous avons des voisins avec qui les rapports peuvent être faciles et cordiaux ( ou ternes et décevants...comme avec le mien actuellement); il y a les membres de notre famille qui apportent cette présence si sécurisante; nous avons aussi, quelquefois, un grand amour avec qui l'on s'engage et avec qui l'on fait route au fil des jours gris et rose de notre quotidien, un amour qui, ultimement, fait vibrer tout ce que l'on est; puis il y a cet être qui est là, hors zone, une présence ayant un regard sur notre vie comme nous en avons un sur la sienne, un lien tout en profondeur, une personne avec qui l'on partage une aspiration commune, un ami, une amie.

Lorsque j'ai quitté ma ville natale pour aller étudier en Alberta, je n'aurais jamais cru que j'allais perdre mes amis. J'ai bien essayé d'écrire, de garder contact, de conserver ces liens qui s'étaient tissés tout au long de mon adolescence, c'était peine perdue. Les quatre années passées dans cet ailleurs ont vite fait de meubler l'espace que je croyais occuper dans la vie de ces gens. Pourtant, je me rappelle que je passais pratiquement tout mon temps avec ces copains, ma deuxième famille. Dès que je le pouvais, j'allais les rejoindre, la porte n'était jamais fermée à l'idée de faire une activité ou une autre ou de jaser de ce qui nous préoccupait. Mais peut-être existe-t-il différents genres d'amitié? On dit qu'on ne force rien en amitié, pas plus qu'en amour. Si l'amitié existe, il passera le temps.

Au cours de notre vie, on fait des rencontres, on établit des contacts, on passe du temps avec des gens, des copains, on échange, on s'amuse, on fait des folies, on se repose...puis, il arrive qu'on rencontre une personne avec qui les échanges sont non seulement plus profonds, ils sont plus vrais. Les aléas de la vie nous amènent à vivre toutes sortes de situations tristes ou heureuses, des moments de détresse, mais aussi des moments de grand bonheur. Pouvoir partager ces sentiments avec un être qui fait route sur un chemin parallèle, pouvoir échanger, mais surtout grandir par ces paroles tantôt rassurantes, tantôt stimulantes. Retrouver dans les paroles de l'autre une sagesse qui saura nous aviser d'un possible écueil, lui rappeler qu'elle possède en elle cette force d'amour capable de vaincre toute difficulté. Un partage, c'est sur un simple partage que repose l'amitié et sur cette expérience de paix où il n'y a rien à prouver, simplement un dialogue, une parole, un silence. C'est ce sur quoi repose notre amitié. C'est bon de te savoir là!