vendredi 22 août 2014
lundi 16 septembre 2013
Ce qu'il faut pour vivre...après un cancer
Christian Bobin a écrit :
"À quoi reconnaît-on les gens
fatigués? À ce qu’ils font des choses
sans arrêt. À ce qu’ils rendent impossible l’entrée en eux de repos, d’un
silence, d’un amour. Les gens fatigués
font des affaires, bâtissent des maisons, suivent une carrière. C’est pour fuir la fatigue qu’ils font toutes
ces choses, et c’est en la fuyant qu’ils s’y soumettent. Le temps manque à leur temps. Ce qu’ils font de plus en plus, le font de
moins en moins. La vie manque à la vie."(Une petite robe de fête, coll. Folio #2466, p.27)
Il semble que cet extrait de livre décrit bien le
lieu où se
trouvait Lyne en juillet 2012; alors qu’on lui apprend qu’un cancer s’est logé dans
son sein. Dans le rythme effréné des «il
faut», nul n’avait imaginé qu’une danse obscure s’exécutait en douce, s’alimentant
des hormones qui jusque-là l’avaient accompagnées dans son devenir de femme.
Après six mois de chimiothérapie, une chirurgie et 29 traitements en
radiothérapie – les derniers traitements ont été bien douloureux, toute chose
étant relative – Lyne se retrouve aujourd’hui, en septembre 2013, avec non seulement
un cancer en moins (rien n’est jamais sûr à 100%, mais nous osons l’espérer),
elle a également acquis une meilleure compréhension de ce qu’il lui faut pour
vivre. Depuis déjà bien longtemps, l’envie de se consacrer à son art sommeillait
en elle. De mon côté, je savais que l’art
la faisait vire : combien de fois l’ais-je vue flotter dans son atelier à mon
retour du travail (elle ne s’y retrouvait cependant qu’un jour par semaine
avant juin 2012); devant sa toile, elle retrouve son souffle, son rythme. Toute épreuve apporte une lumière. C’est sous cette lumière que Lyne a décidé de
quitter l’emploi qu’elle occupait depuis les cinq dernières années et de
prendre le temps de créer. Nous avons eu
amplement le temps d’en discuter durant mes 6 mois en sabbatique. Ce choix ainsi que d’autres sur le plan de la
nutrition et de l’activité physique sont porteurs d’avenir. Dans notre demeure, l’air est rempli d’une
plus grande sérénité.
Depuis quelques semaines, je suis de retour au travail avec une nouvelle
cohorte d’élèves à découvrir et à accompagner dans leur cheminement scolaire, j’ai
retrouvé mon badminton, je ne cuisine malheureusement plus autant que durant
mon congé. À mon retour à la maison, ma
Lyne respire et me regarde, parfois sans rien dire, avec en tête des tonnes d’idées
pour sa prochaine toile. Je suis
heureux.
lundi 29 avril 2013
La main du bon samaritain
C’est un soleil d’avril qui charme les dernières glaces qui sillonnent le
fleuve. Quelques brindilles oubliées trouvent refuge dans les mains de trois
enfants sans souliers. Des cercles naissent du jeu sur l’eau. Puis, une chute.
Retentissent les cris de deux enfants perdus dans le drame d’un frère immergé. L’enfant endormi par le froid se laisse entraîner dans un rêve, sourire aux lèvres, impassible, alors que l’eau lentement s’infiltre dans ses petits poumons. Le corps s’amuse entre deux eaux au rythme de légers remous.
Une chaloupe s’approche. Un regard cherche. Une main saisit. Une bouche se pose sur celle de l’enfant. Un trop plein d’eau surgit. L’enfant respire, les yeux fermés, emmitouflé dans un doux songe d’une autre vie.
Devant la porte de la maison, deux enfants et un homme, à ses mains deux petits souliers. Plus tard, une mère auprès de l’enfant qui grelotte. Lorsque ses paupières se soulèvent, la plus belle conversation de sourires.
Je serai à jamais reconnaissant pour ta main ce jour là.
Retentissent les cris de deux enfants perdus dans le drame d’un frère immergé. L’enfant endormi par le froid se laisse entraîner dans un rêve, sourire aux lèvres, impassible, alors que l’eau lentement s’infiltre dans ses petits poumons. Le corps s’amuse entre deux eaux au rythme de légers remous.
Une chaloupe s’approche. Un regard cherche. Une main saisit. Une bouche se pose sur celle de l’enfant. Un trop plein d’eau surgit. L’enfant respire, les yeux fermés, emmitouflé dans un doux songe d’une autre vie.
Devant la porte de la maison, deux enfants et un homme, à ses mains deux petits souliers. Plus tard, une mère auprès de l’enfant qui grelotte. Lorsque ses paupières se soulèvent, la plus belle conversation de sourires.
Je serai à jamais reconnaissant pour ta main ce jour là.
lundi 18 février 2013
Des grains d'un blanc sombre
C’est une toile blanche d’une neige nouvelle à peine déposée. Aucun faux pas sur l’immaculée, aucune ombre, que l’aurore d’une vie dans la lumière qui s’étale. En attente du geste, elle invente un langage, s’étire dans le désir, enfante des milliers de demains habillés d’un souffle ingénu.
Des pas ensuite. Des pas lents, inconnus, et des teintes de sable que soulève le vent. Alors que l’aube s’engonce dans un voile obscur, au cœur s’incrustent les premiers grains d’un blanc sombre à perte de vue. Le gris se dépose au bout des lèvres. Angélique.
La nuit s’installe; sous des airs ténébreux, implore l’indulgence du regard. Dans une valse de clair-obscur, une colombe pose sa tête contre l’aile d’un corbeau. Du sombre émane un fragile parfum de vérité; du clair, une paix intense.
Tout est parfait.

Des pas ensuite. Des pas lents, inconnus, et des teintes de sable que soulève le vent. Alors que l’aube s’engonce dans un voile obscur, au cœur s’incrustent les premiers grains d’un blanc sombre à perte de vue. Le gris se dépose au bout des lèvres. Angélique.
La nuit s’installe; sous des airs ténébreux, implore l’indulgence du regard. Dans une valse de clair-obscur, une colombe pose sa tête contre l’aile d’un corbeau. Du sombre émane un fragile parfum de vérité; du clair, une paix intense.
Tout est parfait.
mardi 11 décembre 2012
Les plaisirs de l'enfance
On a passé la soirée à s'amuser, à rire, à danser, à se chatouiller, on a manger des nouilles (que grand-papa essayait de nous voler même lorsqu'elles pendaient sur le bord de nos lèvres) et des légumes (il faut toujours des légumes), mais surtout des framboises; on prenait plaisir à insérer notre petit doigt bien au centre avant des les faire disparaître et les entasser dans notre bouche.
Puis il y a eu l'heure du bain, et les sauts sur le lit avec Lili avant de mettre les pyjamas.
Au moment du départ, les bisous, des calins et des "je t'aime" qui résonnent longtemps après leur départ.
Merci pour ces deux anges qui prennent si bien soin de nous et qui nous apprennent le précieux du moment présent.
"…les enfants ont un privilège : on ne leur demande pas de justifier leur existence. On ne demande pas à un enfant ce qu’il fait dans la vie. On le sait bien : il joue, il pleure, il rit. Il vit –
et ça suffit pour vivre…"
La merveille et l’obscur de Christian Bobin
et ça suffit pour vivre…"
La merveille et l’obscur de Christian Bobin
vendredi 23 novembre 2012
Écris ta vie sur moi
Ce soir, je suis
revenu du bureau avec le coeur qui vibrait au son d'une chanson de Richard
Séguin; sa voix chaude parlait d'un sentier secret. En quelques minutes,
j'étais complètement ému et j'avais peine à retenir mes larmes. Ce
"sentier secret" c'est ce chemin intime, cette voie où l'on laisse
entrer l'être aimé, cet endroit où, sans crainte d'être vulnérable, l'on permet
à l'autre de nous rejoindre, ce lieu illuminé, bien collé sur notre âme.
Le lien qui existe entre Lyne et moi, cette force qu'insuffle nos échanges et l'écoute et le respect qui les enveloppent, ces mots que l'on se murmure, ces regards qui nous traversent, ce sentiment de confiance qui m'habite et ce désir d'engagement qui caractérise chacun de mes pas à ses côtés depuis que nos chemins se sont croisés, tout cela à un prix. Ce que tu affrontes, je l'affronte aussi. Tes souffrances et les inquiétudes qui assaillent tes jours comme tes nuits teintent le rythme de mes pas. Malgré tout, je dis OUI! Écris ta vie sur moi aujourd'hui et demain et vivons ce que la vie nous offre.
L'émotion qui pressait mon coeur ce soir trouvait sa source dans les craintes que ce cancer fait naître et l'approche de cet autre traitement que devra recevoir Lyne mardi prochain. Chaque traitement rapproche ma douce d'une guérison; chaque traitement porte néanmoins la mort, celle de nombreuses cellules saines qui l'habitent. Depuis 5 mois, chaque jour est un défi, pour elle comme pour moi, et même si tous deux demeurons bien positifs et prenons plaisir à prendre soin l'un de l'autre, à surveiller notre alimentation ainsi que notre santé tant physique qu'émotionnelle, il y a de ces moments où nous nous sentons fragiles. Ce soir, c'est mon tour. Quand je suis entré et que j'ai fait jouer cette chanson de Seguin et que je t'ai amenée danser au salon, bien collée, c'était pour moi, j'avais besoin de tes mains amoureuses et rassurantes. Aimer, c'est aussi, parfois, souffrir de devoir accepter la vie dans ce qu'elle a de moins rose.
vendredi 19 octobre 2012
Tu es belle
Depuis ce jour où je t’ai rencontrée, ce jour de juin dans le jardin de nos amis, j’ai su que tu étais belle. Tu avais cette présence pleine d’assurance, ce regard qui parlait de vérité; tu portais en toi un désir de vivre intensément, tes mots s’allongeait en moi comme le font les paroles qui ressourcent et…ce parfum que tu portais, celui de tes sourires qui ne cessait de se répandre en moi. Ton allure, ta démarche, ce plaisir qui t’habitait, tes cheveux courts qui m’offraient le plaisir de découvrir ta nuque, tu transpirais le « bon », tu portais les traces d’un bonheur prêt à être cueilli.
Il y a près d’une semaine, lorsque je coupais tes
cheveux et découvrais la peau que tu cachais dessous, lorsque mes mains ont
caressé ton crâne tout lisse, j’ai à nouveau réalisé que ta beauté dépassait ces
milliers de cheveux qui pouvaient recouvrir ta tête. Le cancer ne peut cacher l'évidence: avec ou sans cheveux, TU ES BELLE, tu
rayonnes, tu combles mes jours d’un bonheur aux couleurs d’automne.
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