mercredi 3 juin 2009

Prendre le temps

Chaque jour qui passe en est un de plus qui me permet d'apprécier tout ce que j'ai. Ce sentiment qui m'habite, celui de posséder grandement, est probablement lié au fait d'avoir vécu dans une famille où la religion prenait une grande place. Les paroles d'amour de Jésus et tout ce qu'il avait fait semblaient là, présent, à toutes les semaines. J'ai toujours eu le sentiment que je devais remercier pour ce que je possédais. Il existe de nombreuses façons de remercier, celle que j'ai apprise, c'est celle du don de soi en offrant du temps à l'autre. J'ai toujours cette image de ma mère qui offre son temps à mon père en l'écoutant parler de son travail. Je crois que c'est dans cette potion magique que je suis tombé lorsque j'étais enfant (et je ne suis pas le seul dans la famille).

Nous avions un petit magnolia devant la maison qui, entouré d'une haie et d'une épinette, ne semblait pas réellement se plaire chez nous. Il y a quelques semaines, Lyne m'avait appelé au bureau et m'avait proposé d'offrir notre magnolia à nos voisins d'en face. Elle est allée voir la directrice du centre de jour qui fait face à notre maison. Le centre Oméga a pour but d'offrir du soutien pour les gens ayant subi des traitements psychiatriques. Elle lui a demandé s'ils désiraient avoir un magnolia pour apporter un peu de fraîcheur sur leur terrain, en avant de la façade, et bien entendu, la directrice était très heureuse de cette proposition. Hier soir, au souper, Lyne me demande si ça me disait d'aller planter le magnolia chez nos voisins. Son fils me dit alors en blaguant: "Tu aurais pu prétexter un mal quelque part pour ne pas y aller." Ça fait réfléchir une remarque de ce genre. Pour moi, faire un trou pour planter cet arbre, c'était une activité, c'était aussi l'idée de donner quelque chose de beau, d'embellir un lieu où des gens apportent du support à des gens dans le besoin. Lyne est allée arroser le magnolia un peu plus tard. On le regardait et il était nettement plus beau à cet endroit. C'était un geste dont nous allions profiter. En éloignant notre arbre, en l'offrant, on se permettait de mieux l'admirer. Ça me fait penser à ça le don. On donne pour soi. On donne et ça nous revient. C'est toujours ainsi le don. C'est presqu''égoïste le don. Comment se fait-il que nous n'ayons par réussi à transmettre ce besoin de donner à nos enfants? Chez d'autres, il semble pourtant si facile et présent.

Quand on aime, il me semble que c'est facile: on rend service, on donne de soi, on offre du temps... et on a pas besoin d'attendre d'être au paradis pour que ça nous revienne au centuple...ça fait du bien à l'instant même où l'on est dans le geste.

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