vendredi 13 février 2009

Simplement t'aimer

En cette veille de la St-Valentin, et puisque demain je passerai la journée auprès de ma douce, je vais insérer dans ce BLOG le texte que j'ai écrit quelques mois après avoir rencontré Lyne. Que l'amour qui vous sera prodigué aujourd'hui ne soit qu'une goutte de la rivière d'amour qui se déversera sur vous tout au cours des jours à venir.

Simplement t'aimer

Effleurer

Toucher légèrement,
du bout des doigts,
des lèvres.


Son doigt s'était mis à glisser. Avançant sur la pierre comme sur la peau, l'effleurant jusqu'à la faire rougir, caressant chaque vallée, chacun de ses plis, ajoutant une teinte à la craie; elle découvrait ces terres comme si toucher lui permettait d'étancher sa soif. À certains moments, elle déplaçait ses épaules vers l’arrière laissant son doigt survoler le nouveau monde. Dans ses yeux, le calme et la confiance d’une prière. Puis, comme un brin d’herbe longtemps oublié sur laquelle se dépose une goutte de rosée, sur sa bouche venait poindre un sourire et son doigt se remettait en route, animé de l’assurance de celle qui sait. Son corps tout entier appuyé contre la pierre par la simple pression de son doigt. Elle donnait naissance.

Le soleil de 15h44 vint s'étendre sur sa main et s'y prélassa encore quelques instants tandis qu'elle poursuivait son oeuvre. J'étais entièrement absorbé par cette image, par la sensualité de ce moment, de ce geste qu'elle se plaisait à reprendre, par la chaleur de sa main que je percevais de mon regard. Son doigt glissait sur la pierre.

On entendait tout près, bien que voilé par l'intensité du moment et la bulle dans laquelle je me trouvais, le plaisir des enfants tellement heureux de se retrouver. Elle venait de calmer le vent.

Pressant fermement sur la craie, elle prenait soin de poudrer les étroites crevasses comme une enfant qui agit sans penser, laissant l'instinct lui dicter le sentier à suivre. Sa main sur la pierre me caressait.

Suspendu à son doigt, nous étions, moi et le temps. Une chaleur me traversa lorsqu'elle le souleva lentement et me toucha de son regard. Elle savait toucher. Peu de femmes savent.

Ses yeux me traversèrent, vinrent prendre place là, tout au fond de moi, en des lieux encore inexplorés, des lieux où seules les âmes veulent et peuvent. J'étais nu; nu devant son regard si vrai et j’en éprouvais une telle quiétude.

Combien de fois dans une vie peut-on éprouver une telle sensation, une telle plénitude à simplement laisser l’autre prendre place en soi. Je sentis le vent se lever.

Porter par une chaleur qui ne se limitait plus à ma peau, coulant à flots dans les méandres de tous les vaisseaux qui alimentaient mes sens, j’osai me rapprocher en pensée.

Sur ses lèvres d'un rouge Saint Didier, j'imaginais glisser mon index.

Je n'aurais jamais pu prononcer les mots liés à ce désir. Des années passées à m'oublier dans l'autre semblaient avoir installées une certaine censure quant à l'expression de mes désirs. Le vent me portait.

Je ressentais le profond désir de lui dire ce qu'elle me faisait vivre, mais savait puissamment que les mots ne parviennent que rarement à traduire avec honnêteté la puissance d'un moment parfait. Je décidai de me taire et de profiter de ces divins instants en troquant mes réflexions pour une pause photo. Je me mis à la regarder, à la contempler. Une femme. J'étais devant le visage d'une femme qui savait, qui avait appris la vie. On peut lire sur les traits d'une femme, et tout comprendre. Le sombre et le clair. Toutes ces teintes qui naissaient de ses silences me fascinaient. J'étais entièrement subjugué par cette beauté, enveloppé par la quiétude qui émanait de ses mouvements, une sorte de bain de douceur : du doux et du bon. Elle, loin de chercher à comprendre dans quel sentier j'avais bien pu m'égarer, prenait visiblement plaisir à verser sur moi la lumière de ses sourires tout en laissant oeuvrer ses doigts sur la pierre. J'étais aux anges.

L'autre main tenait fermement la pierre, sécurisante, celle qui enveloppe, qui recouvre comme la couverture le soir sur le corps de l'enfant aimé. On aurait dit qu'elle et la pierre se fondaient l’une dans l’autre et se plaisaient à se transmettre la chaleur absorbée au cours de l’après-midi.

Décrire les instants qui suivirent ne peut leur rendre véritable justice : une voilée d'oies sauvages sortit de je ne sais où, puis passa au-dessus de nous au grand plaisir des enfants, comme un signe du ciel venant bénir un moment magique.

Le soleil se coucha sur le lac. Il prit la peine de peindre de teintes rouges Navaho et d'orangé, en guise de gratitude, le ciel Magritte qui avait servi de toile de fond à la rencontre des deux âmes.

La fraîche vint rapidement et, la voyant frissonner, je l’invitai à se couvrir en lui offrant mon chandail de laine. Elle l’enfila. M’effleurait.

Nous marchions vers chez moi. Les enfants s’amusaient avec des branches trouvées sur le sol et nous étions là, tous deux, s’approchant de son auto, sourire aux lèvres, empreints d’une forme d’intimité encore non dévoilée. Nous partagions cet instant. Rien devant. Que le présent qui se plaisait à nous mordiller le cœur et ces minutes qui innocemment prenaient leur envol.

Entre chiens et loups, je la vis s’éloigner et emprunter le chemin du bord du lac; ses deux enfants nous envoyaient la main sous un ciel fabuleusement coloré, immensément lumineux.

Au bas de l’escalier qui menait à l’appartement, je restai assis un moment pendant que mes deux filles encore bien excitées, étaient montées et s’apprêtaient à prendre leur bain. J’avais sur les cuisses mon chandail qu’elle avait porté.

Arrivé à l’étage, je déposai mon lainage sur le lit avant de m’étirai le cou vers la chambre des filles. Elles riaient assises dans leur lit, les cheveux encore tout humides. Elles me regardèrent avec des sourires complices. Dans le rire de nos enfants réside la vraie musique. Elles vinrent me retrouver sur le lit du bas et l’on se remémora les plaisirs du jour. Je les embrassai tendrement, heureux de les voir aussi comblées que je l’étais, puis les laissai entre les mains du marchand de sable qui prestement les souleva.

Le chandail était là, sur mon lit. Je m’approchai et le regardai.

Il y a de ces choses qu’on enfile jour après jour sans penser.

Je le pris dans mes mains, le pressai sur mon visage et sentis aussitôt son odeur, un mélange de vent, de soleil, de craie et un parfum...le sien. Une chaleur me traversa; je me collais à son corps, en sentais les courbes.

Je m’allongeai sur mon lit encore tout habillé, le chandail sur ma bouche et mon nez et j’inspirai. Longtemps.

Elle glissait son doigt.

Il existe des certitudes. Demain, le soleil se lèvera. Mon souffle sur la bougie allumée l’éteindra. Mais il en existe qui relèvent de l’intérieur. Celles-la donnent vie. Cette nuit-là, ma tête appuyée sur mon lainage, je m’endormis avec l’une d’elles.


Vingt-huit jours et plusieurs baisers plus tard, elle m’écrivit ces mots :
“Je te connais depuis des siècles, mais la vie jusqu'à présent m'avait fait t'oublier”.

Je savais le bien qu’elle m’avait fait, bien que je ne sache pas quand, ni l’année, ni le siècle. Sa présence me remplissait. J’aurais soif d’elle désormais.

3 commentaires:

  1. Tu écris si bien. Merci de partager ta vie. J'étais au bord des larmes.

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  2. S'abandonner totalement à ce qui m'était offert...puis décrire...

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  3. Mon bel amour... Quels mots choisir qui sauraient exprimer ma reconnaissance pour ta présence au quotidien de ma vie. Des images se faufilent dans ma mémoire telle une bobine de cinéma maison où se sont accumulés des millers de souvenirs de moments extraordinaires où tu demeures le personnage principal, le plus formidable des fous, le plus passionnant des amants. Que je t'aime Marc et que j'apprécie chacun de tes gestes, de tes regards, de la magie avec laquelle tu m'exprimes chaque jour ton amour. Les petits mots doux, les petits coeurs taillés dans la pelure de banane, le poivron, la tomate, le pain, le papier, posés avec amour sur mon bol, dans mon bol, qui m'attendent à mon réveil, dans le silence de la pièce tapissée de tes sourires; la tendresse avec laquelle tu me couvres et m'embrasses affectueusement avant que je m'endorme, ta main qui prend la mienne alors que l'on s'envole ensemble dans la nuit. Et ces millier de massages à ma tête, mon cou, mes épaules, mon dos, pour m'apporter du calme et du doux... Je te perçois derrière un mur, caché, m'observant d'un oeil coquin, pendant que je peinds, ou que je m'habille... que j'aime l'éclat de tes yeux lorsque tu me dévoiles tes trésors, tes cailloux du Nord, les photos prises de ces petites merveilles de la nature vues à travers ton seul regard, le regard du poète, de l'amant aimé et aimant, du papa, du grand-papa, du faux-papa. Que tu sais me faire rire. La bobine du cinéma maison se déroule. Charlie Chaplin en blondinet bouclé, Roberto Benini clopin clopant et puis Marc à la plage et Marc à la taverne, puis mon Marc qui me serre en ronronnant, mon Marc qui me fait valser, rire et pleurer de bonheur. Que j'aime t'entendre chanter la vie à tout moment, réciter du Nelligan ou un cantique religieux, avec toujours, un air rieur dans les yeux. Que j'aime ton amour de la musique, ce bel héritage de ton père qui t'a rendu si sensible aux sons et aux mots qui t'inspirent la vie, l'amour de la vie, du beau, du doux et du bon que tu sais transmettre à tous ceux que tu aimes et qui ont cette chance divine d'être aimé de toi. J'ai cette chance et je souhaite te dire, te chuchoter, te chanter comme chaque jour, chaque nuit, je te chéri et je te garde toute ma vie à mes côtés mon Marc adoré.

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